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Artistes · Current artists · Paul O'Dette · luth

‘…s’il m’est donné de rencontrer St Pierre à l’entrée du Paradis, j’espère qu’il me dira “Bienvenue, serviteur fidèle ! À propos, soit certain d’entendre Paul O’Dette, c’est lui qui dirige l’orchestre des anges”’ Early Music America – Printemps 2011

Le luthiste Paul O'Dette est considéré comme ‘le plus grand génie qui ait jamais touché cet instrument’ (Toronto Globe and Mail). Reconnu comme l'une des figures les plus influentes dans son domaine, il a contribué à définir les normes techniques et stylistiques auxquelles aspirent les interprètes de musique ancienne du XXIe siècle. Ce faisant, il a insufflé à l'expérience du concert une parfaite combinaison entre conscience historique, exactitude idiomatique et interprétation personnelle et ambitieuse. Ses concerts, dans les plus éminents festivals à travers le monde, comme à Vienne, Londres, Paris, Amsterdam, Berlin, Munich, Francfort, Prague, Budapest, Cracovie, Milan, Florence, Zurich, Genève, Madrid, Barcelone, Séville, Tokyo, Moscou, St Petersbourg, Buenos Aires, Montevideo, Melbourne, Adelaide, Boston, Los Angeles, Vancouver, Berkeley, York, Édimbourg, Montpellier, Utrecht, Bruxelles, Bruges, Antwerp, Brême, Dresde, Innsbruck, Tenerife, Copenhague, Oslo, ont bien souvent figuré parmi les points culminants de ces événements.

Paul O'Dette se consacre également à la direction d'opéra. Son enregistrement de La Descente d’Orphée aux Enfers de Charpentier avec Stephen Stubbs avec le Boston Early Music Festival Chamber Ensemble remporte un Grammy dans la catégorie Best Opera Recording of 2014, ainsi qu’un Echo Klassik Award dans la même catégorie. En 1997, il dirige, avec Stephen Stubbs, L'Orfeo de Luigi Rossi à Tanglewood, au Boston Early Music Festival (BEMF) et au Théâtre Royal de Drottningholm en Suède. Depuis 1999, toujours avec Stephen Stubbs, il codirige Ercole Amante de Cavalli au Festival de Musique Ancienne de Boston à Tanglewood et au Festival d'Utrecht, La Stelliaura Vendicata de Provenzale à l'Académie Vadstena en Suède, L'Orfeo et L'Incoronazione di Poppea de Monteverdi au Festival de Vancouver, ainsi que Thésée de Lully, Ariadne de Conradi (Hambourg, 1691) et Boris Goudenow de Mattheson, Psyché de Lully et Poppea de Monteverdi, Acis and Galatea et Almira de Haendel et Niobe de Steffani, pour le Festival de Musique Ancienne de Boston. Cinq parmi ses enregistrements d’Opéra ont été nommés aux Grammy Awards dont Ariadne de Conradi dans la catégorie 'meilleur enregistrement d'opéra' en 2005, et toujours dans la même catégorie Thésée de Lully en 2007 ainsi que Psyché en 2008, La Descente d’Orphée aux Enfers en 2014 et Niobe en 2015. Niobe et les enregistrements d’Opéra de Lully sont également nommés aux Gramophones Awards, alors que Niobe reçoit un Diapason d’Or de l’année, un Echo Klassik Award et le prestigieux Jahrespreis der Deutschenschallplattenkritik. Paul O'Dette est invité par de nombreux orchestres baroques en tant que chef des deux côtés de l’Atlantique.

Paul O'Dette participe à plus de cent cinquante cinq enregistrements, remportant deux Grammy en étant nommé à huit reprises, sept Diapason d’Or de l’année, douze Diapason d’Or, deux Echo Klassik Awards, un Jahrespreis der Deutschenschallplattenkritik, sept nominations au Gramophone et nombreux autres prix internationaux. 'The Complete Lute Music of Dowland', un coffret de 5 CDs enregistrés pour harmonia mundi usa, reçoit le prestigieux Diapason d’Or de l’année et est sélectionné comme figurant parmi les 'Best Solo Lute Recording of Dowland' par la BBC Radio 3. 'The Bachelar's Delight, Lute Music of Daniel Bachelar' est sélectionné en 2006 pour un Grammy Award dans la catégorie 'meilleur enregistrement pour instrument solo'.

Parallèlement à son activité d'interprète, Paul O'Dette est un chercheur passionné et réalise un travail considérable sur l'interprétation et les sources de la chanson avec luth en Italie et en Angleterre au XVIIe siècle, sur l'art du continuo et sur la technique du luth. Il publie également de nombreux articles sur l'interprétation historique et a cosigné l'article sur Dowland dans le New Grove Dictionary of Music and Musicians.

Paul O'Dette est professeur et directeur du département de musique ancienne de l'Eastman School of Music. Il est également directeur artistique du Festival de Musique Ancienne de Boston.

Janvier 2024

Paul O Dette Laus Polyphoniaie
Photo © Laus Polyphoniae Festival

Programmes

Les Trois Orphée

Lord Herbert of Cherbury's lute book

Luth au temps de Louis XIII

The Royal Lewters

John Dowland

Will you go walk the woods so wild?

Les Trois Orphée

Marco dall'Aquila, Alberto Ripa da Mantova, Francesco da Milano

'Le charme délicat du son qui émane du luth sous les doigts divins de Francesco da Milano, d'Alberto da Mantua et de Marco da L'Aquila s'insinue dans l'âme et ravit les sens de celui qui l'écoute.' Francesco Marcolini 1536

Francesco da Milano, Albert de Rippe et Marco dall'Aquila, trois luthistes légendaires du 16ème siècle, furent chacun comparés à Orphée, et leur jeu, disait-on, avait le pouvoir de toucher l’âme et de captiver les sens de ceux qui l’entendent.

Bien que fréquemment mentionnés ensemble, ces trois immenses artistes possèdent des styles musicaux bien différents, allant des originales improvisations expérimentales de Marco, à la virtuosité contrapuntique élégamment ouvragée de Francesco, aux rapsodies profondes et impressionnistes d’Albert.

Ces trois Maîtres représentent l’apogée de la musique de la Renaissance pour luth, un art si prisé que les Rois et les Papes entraient en compétition pour obtenir les services de ces illustres exécutants.

À la suite du tremblement de terre dévastateur qui a touché L’Aquila le 6 avril 2009 et par solidarité, la célébration d’un des plus célèbres citoyens de cette ville, Marco d’Aquila, semblait approprié. Paul O’Dette s’est donc consacré à l’élaboration d’une édition critique et à un enregistrement des ses oeuvres qui est sort en mars 2010 chez Harmonai Mundi USA.

En l’honneur de ce travail, la Province d’Aquila a décerné à Paul O’Dette le titre de "Guerriero di Capestrano" (Chevalier de Capestrano), prix remis chaque année à une personne ayant réalisé un important travail pour L’Aquila. Son prédécesseur à ce titre était le Dalai Lama.

Programme :

Marco dall'Aquila (c. 1480-c. 1544)
Ricercar (18)
Cara Cossa N° 3, 4 & 5
Ricercar (26)
Nous bergiers (Jannequin)

Alberto Ripa da Mantova (c. 1500-1551)
Fantasie II
O Passi Sparsi (Festa)
Fantasie IX "Faulte d'argente"
Or vien ça vien mamie Perrette (Jannequin)

Francesco da Milano (c.1497-1543)
Fantasia 28
Fantasia 8
Fantasia 3
Fantasia (App. 31)
Vignon vignetta (Claudin de Sermisy)

--entracte--

Marco dall'Aquila
La Battaglia (Clement Jannequin)

Ricercar (6)   
Il est bel e bon (Passereau)
Ricercar (19)
Cara Cossa N° 10

Alberto Ripa da Mantova
Fantasia XXII
L'eccho (Gentian)
Fantasia VIII

Francesco da Milano
O bone Jesu (Antonio de Ribera)
Fantasia (38)
Fantasia (64)
Tu discois que je mourroye (Claudin de Sermisy)
Fantasia (33) e la sua compagna (34)

Lord Herbert of Cherbury’s Lute Book, (c. 1610-1640)

Lord Herbert of Cherbury, Ambassadeur de James 1er en France, est un luthiste amateur passionné. Il compile l'une des plus importantes collections de musique pour luth du début du XVIIe siècle, une anthologie des meilleures pièces françaises, italiennes et anglaises de son époque. On trouve dans son manuscrit des copies uniques de certaines des plus intéressantes oeuvres de son temps, au moment où le style musical change radicalement avec l'introduction de nouvelles formes, de nouveaux types d'ornementation et du fait de l'hybridation des styles français, italien et anglais. En plus de la richesse des oeuvres françaises et italiennes, Lord Herbert ajoute les seuls exemples connus de musique pour luth entre 1630 et 1640, écrits dans le même style audacieux que les consorts de violes de William Lawes et Matthew Locke. Un passionnant aperçu de ce que le style de musique anglaise pour luth aurait pu devenir si la Guerre civile n'avait pas eu lieu !

Nicolas Vallet c.1583 - après 1642
Guillemette - 1615
Courante de mars
La Chacona

Anonymous
En me reverant
Vieux Gautier
Courante
Gautier
Courante “Son Adieu”
Anonymous
Chacogne

Giovanni Girolamo Kapsberger c. 1585 - 1650
Toccata Ia - 1611
Gagliarda Ia
Toccata VIa
Gagliarda I0a

Nicolas Vallet
Prelude - 1615
Onse Vader im Hemelryck
Passemeze en b mol
Bouree d’avignon
Gaillarde du comte Essex d’après Dowland

Entracte

Nicolas Vallet
Les Pantalons
La Mendiante Fantasye
Pavane en forme de Complainte
Carillon de village

Robert Johnson c.1583 - c.1633
Pavin
Almaine

Daniel Bachelar 1572-1619
Prelude
Fantasie
3 Courantes
Une jeune fillette

Luth 10 choeurs d’après Hans Frei par Ray Nurse, Vancouver 1984

Musique pour Luth au temps de Louis XIII

Nicolas Vallet (c.1583-après 1642) - Guillemette, Courante de mars, La Chacona
Anonyme - En me reverant
Vieux Gautier - Courante, Courante “Son Adieu”,, Courante sur “J’avois brisè mes fers”
Anonyme - Chacogne

Luc Despond - Filou

Robert Ballard (c.1575-c.1650) - Premier Entrée (1611), Seconde Courante de la Reyne, Second Entrée, Sixiesme Courante de la Reyne, Troisiesme Entrée

Jacob Polonais - Fantasie, Sarabande

Nicolas Vallet - Prelude, Passemeze en b mol, Bouree d’avignon, Gaillarde du comte Essex

Nicolas Vallet - Fantasie, Pavane en forme de Complainte, Carillon de village, Les Pantalons

The Royal Lewters

Luthistes de la cour d'Henry VIII et d'Elisabeth 1er, Oeuvres de Philip van Wilder, Anthony de Countie, Alfonso Ferrabosco, William Byrd, John Johnson, John Dowland & anonymes

Henry VIII
Pastyme with good Companie
Philip van Wilder (c.1500-1553)
Fantasia
Philip's Dump

Anonyme
Fantasy
Sellenger’s Round
A Dump
Chi Passa

Anthony de Countie? (d. 1579)
Anthony Pavin
Anonyme
A Downe
Trenchmore

Alfonso Ferrabosco (1543 - 1588)
Fantasia
Galliard
Pavin
A Jigge

--entracte--

Anonyme
Packington’s Pound
Grimstock
Robin is to the Greenwood gone
Robin Hood
William Byrd (1540-1623)
Lord Willoughby’s Welcome Home

John Dowland (1563-1626)
Alo
Lachrimae
Dowland’s Galliard
Mistress Winter’s Jump
Earl of Essex Galliard

John Johnson (d. 1594)
Omnino Galliard
A Pavan to Delight
A Galliard to Delight
Carman's Whistle

John Dowland

Un programme pour célébrer le 450e anniversaire de la naissance de John Dowland

My Favorite Dowland

Diapdor

Paul O'Dette a enregistré sa légendaire intégrale des oeuvres pour luth de John Dowland il y a plus de 15 ans. Pour fêter dignement le 450e anniversaire de la naissance de Dowland en 2013, Paul O'Dette prépare une sélection de ses oeuvres préférées pour un nouvel album chez Harmonia Mundi USA, 'My favorite Dowland'.

Semper Dowland semper dolens
Musique pour luth de John Dowland (1563-1626)

A Fancy (5)
Pavin
Galliard
A Fancy (6)

My Lady Hunnsdon’s Puffe
La Mia Barbara
The King of Denmark’s Galliard
Sir John Smith’s Almaine

Semper Dowland semper dolens
Captain Piper's Galliard
The most sacred Queene Elizabeth, her Galliard
Forlorne Hope Fancye

--entracte--

Walsingham
A Galliard (upon Walsingham)

A Coye Toye
Mrs. Vaux’s Jigge
Mistris Winters Jump
The Right Honourable Robert, the Earl of Essex, his Galliard

Farewell
The Lady Laiton’s Almaine
Lachrimae
The Frogg Galliard
Alo
Fantasie (1)

Will you go walk the woods so wild?

William Byrd 1543-1623
La Volta
Pavana Bray, set by Francis Cutting (c. 1600)
Galliard
Will you walk the woods so wild?
My Lord Willoughby’s Welcome Home

Daniel Bachelar 1572-1618
Pavan & Galliard
Mounsieur’s Almaine

Anonymes - du “Mure of Rowallan’s Lute Book”, Rowallan Castle, Scotland (1620)
I never knew I loved thee
Corne Yards
The Gypsies Lilt
A Scots Tune
Another Scots Tune

John Johnson ✝1594
Omnino Galliard
A Pavan to Delight
A Galliard to Delight
Carman's Whistle

--entracte--

John Dowland 1563-1626
A Fancy (5)
A Pavin
The King of Denmark’s Galliard
A Fancy (6)

Farewell

The Lady Laiton’s Almaine
Lachrimae
The Frog Galliard
Fantasie (1)

« La Reine vint aussi, me reconnut et me fit appeler. Elle me parla longuement et m’invita a troquer ma barque pour celle du Chancelier des finances. Puis elle fit accoster sa barque d’apparat le long de la mienne et se mit a toucher du luth. » Baron Breuner (juin 1559)

C’est une constante de l’histoire de concentrer en un même lieu et au même moment un grand nombre d'artistes extraordinairement talentueux dans un domaine donné, pour ensuite voir décliner ou se déplacer géographiquement pareil centre d’activités artistiques. Architectes et peintres de la Renaissance italienne, compositeurs franco-flamands du quinzième siècle, poètes élisabéthains, peintres néerlandais du dix-septième siècle et facteurs de violons de Crémone de la même époque sont les exemples de ce phénomène qui viennent à l'esprit. La période comprise entre 1580 et 1620 est souvent nommée « âge d'or de la musique pour luth anglaise » puisque nous sont parvenus presque 2000 morceaux pour luth de cette époque, ce qui représente plus du double des répertoires combinés de la musique pour madrigal et clavier, et nombre de ces morceaux sont l’œuvre des plus grands compositeurs de l’époque !  Dans un sonnet publié en 1624, William Webb définit comme suit l’envergure de ces maîtres anglais : « L’excellence hors pair de Byrd, Bull, Dowland, Morley et ceux de nos autres artistes exceptionnels, (qui aujourd’hui éclipsent les lumières d’autres pays) … »

Les compositeurs pour luth et ceux pour clavier partageaient souvent le même répertoire. Des compositeurs pour clavier tels que Byrd, Bull et Morley réalisèrent des arrangements de leurs pièces pour luth préférées et les luthistes leur rendirent la pareille en transcrivant pour le luth des morceaux pour clavier. On admirait tout particulièrement les œuvres pour clavier de William Byrd et elles inspirèrent aux luthistes des transcription pour leur instrument. Les sources montrent que la plupart de ces arrangements ne comportent pas de nom d’auteur; la mise en tablature par Francis Cutting de Pavana Bray fait exception.

Dans les pièces à variations proposées ici, on a gardé intact ce que voulait Byrd pour le clavier, défi particulièrement redoutable pour un luthiste. Au cours de ses 14 variations, Will you walk the woods so wild va d’un contrepoint très fourni à l'introduction de thèmes en canon complètement nouveaux ; la variation 11 cite un autre air populaire, Strike It Up Tabor. My Lord Willoughby’s Welcome Home est basé sur la ballade qui narre la victoire de Lord Willoughby de Eresby aux Pays-Bas en 1589. Il ne nous est pas parvenu de version pour luth de La Volta datant du dix-septième siècle mais la partition pour clavier convient très bien au luth, ne nécessitant que quelques changements mineurs.

Contrairement à leurs transcriptions plutôt littérales des pièces à variations, les luthistes s'octroyaient plus de libertés quand il s'agissait d'adapter des danses telles que Pavana Bray et Gaillard de Byrd. Ici les sections sans ornements ont été transcrites plutôt fidèlement mais les reprises avec diminutions sont des ajouts composés de manière très fluide dans le style propre au luth, se substituant à l’écriture dense et complexe de l'original pour clavier, qui serait extrêmement malaisée à jouer au luth. En fait, c’est très exactement ce que faisaient les compositeurs pour clavier quand ils jouaient au clavecin de la musique destinée au luth.

Bien qu’il fût longtemps reconnu comme l’un des meilleurs luthistes-compositeurs anglais, on ne savait encore récemment presque rien de la vie et de la carrière de Daniel Bachelar. Grâce aux recherches obstinées d'une descendante, Anne Bachelar, nous connaissons à présent les dates de naissance et de décès et certains détails concernant sa carrière. Bachelar composa de la musique complexe pour consort d'instruments destinée à la famille de Sir Francis Walsingham, alors qu'il était encore adolescent, et il acquit rapidement un style très personnel explorant des innovations en matière de technique luthistique. Sa version de Mounsieur’s Almaine constitue un des grands tours de force du répertoire par son usage génial du trémolo et de l’arpège, marquant sa nouvelle manière d'aborder l'ornementation.

En 1620, Sir William Mure of Rowallan compila un manuscrit contenant des arrangement de chansons populaires et danses écossaises, qui font partie d’un corpus de presque 600 morceaux pour luth écossais, d'une beauté exceptionnelle. Alors que certaines des pièces ne comportent pas de titre (nommées dans le programme Scots Tunes), on trouve dans d'autres manuscrits des titres piquants tels que I kissed her while she blushed (« Je l’embrassai toute rougissante ») et I long for thy virginity (« Je désire ta virginité »). Ces pièces sonnent très moderne mais les mélodies pentatoniques, dissonances extraordinaires et rythmes très enlevés concourent à évoquer des lochs et des landes. La fraîcheur de la simplicité nous rappelle que l’on peut dire beaucoup avec peu.

Le premier grand luthiste anglais fut John Johnson. On le nomma « joueur de luth royal » en 1579 et il demeura à la cour élisabéthaine jusqu’à sa mort en 1594. On ignore presque tout de sa vie, de ses origines ou de sa formation mais sa musique révèle un tempérament musical extrêmement inventif et une conception flamboyante de l’instrument. A Paven to Delight était le morceau le plus connu de Johnson, conservé dans 36 différents manuscrits dans des arrangements pour luth solo, duos de luth, consort mixte, clavier et cistre. Il est vraisemblable qu'il ait composé ce morceau pour luth solo et que les autres versions sont des arrangements à partir de l'original pour luth. Il nous est parvenu 2 versions de l'arrangement que Johnson a fait de Carman’s Whistle, chacune comprenant différentes variations. Bien que chaque arrangement abonde en variations attrayantes, aucun ne comporte une fin qui soit à la hauteur du reste. De fait, après avoir entendu il y a trente ans l’extraordinaire ornementation que Julian Bream apporta à la variation finale, il m'est difficile d'imaginer que cette œuvre puisse s'en passer et je l'ai incluse dans ce concert.

Surnommé par ses contemporains « l'Orphée anglais », John Dowland fut le luthiste le plus encensé de son temps et l'un des plus grands compositeurs de son pays. Sa musique connut une popularité extraordinaire dans toute l'Europe et fit l’objet de publication dans plus de villes que tout autre compositeur de l’époque. Malgré cette célébrité, Dowland ne put se défaire d'un sentiment d'amertume lié au fait de n’avoir pas obtenu un poste à la Cour d’Angleterre, échec dû en partie à sa conversion au catholicisme. Sa devise, « Semper Dowland semper dolens » (« toujours Dowland, toujours affligé ») résume non seulement son état d'esprit mais aussi son tempérament musical. En même temps, elle donne une impression fausse parce que partiale d'un musicien aux multiples registres. Les œuvres mélancoliques de Dowland sont connues à juste titre mais ses pièces gaies, gaillardes, allemandes et gigues suggèrent une humeur et un esprit que ses contemporains ne pouvaient égaler. Ses œuvres embrassent danses légères, pavanes pleines de passion, gaillardes virtuoses et fantaisies contrapuntiques complexes. Lacrimae fut la pièce pour luth la plus connue de l’époque, engendrant plus de 100 différentes versions pour ensembles instrumentaux variés. Farewell représente le tour de force contrapuntique de Dowland. Les étranges phrases chromatiques et dissonances surprenantes furent utilisées par Thomas Weelkes dans la dernière section de son madrigal Cease sorrows now, appliquées aux paroles « I'll sing my faint farewell » (« Je chanterai doucement mes adieux »).

Ironie du sort, les efforts déployés par Dowland et ses contemporains pour repousser les limites techniques du luth ont peut-être grandement accéléré le déclin de leur instrument. Au dix-septième siècle, les amateurs se plaignaient de l’extrême difficulté qu’impliquait le jeu du luth et ils se tournèrent de plus en plus vers la guitare, munie de moins de corde et techniquement moins exigeante.

50 ans seulement après la mort de Dowland, on tenait le luth pour un instrument « négligé et maltraité ». Les mots d'encouragement en faveur du luth qu’imagina Thomas Mace en 1676 sont d'autant plus pertinents aujourd'hui : « Reprends courage, âme vaillante ! Et sache qu'il en est au monde, qui de toi prendront tant de soins, qu’ils te rendront ta gloire passée, et te feront entrer dans l’éternité. »

Paul O’Dette - traduit par Jacques Tranier

Paul O'dette Photo Jennifer Girard Square
Photo © Jennifer Girard

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